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Enfants devant les écrans ? La science dit non !


Au cours des dernières années, le temps passé devant divers écrans, notamment les téléviseurs, les jeux vidéos, les smartphones et les ordinateurs, a considérablement augmenté. Les écrans ont ainsi adopté une place privilégiée au sein des foyers, et les enfants y ont accès à un âge de plus en plus précoce.

Face à ce phénomène récent, il est important d’évaluer l’impact que cette nouvelle tendance pourrait produire sur le développement des enfants, afin de pouvoir établir des directives nécessaires à une campagne de prévention de qualité.


Le développement du cerveau de l’enfant


Pour construire son intelligence, l’enfant qui vient de naître fixe dans son cerveau les informations provenant de son environnement. Chaque interaction entre l’enfant et le monde extérieur laisse comme une trace de mémoire de l’expérience vécue en connectant des neurones. Ces connexions s’appellent les synapses. Celles-ci commencent à se former dans le ventre de la mère mais connaissent une augmentation particulièrement rapide à partir de la naissance avec 700 à 1000 nouvelles connexions par seconde. Durant les 5 premières années de la vie, tout ce que l’enfant accomplit ou perçoit crée une connexion dans son cerveau.


Il est alors évident qu’un manque d’exploration durant cette période abîme la construction de l’intelligence. De la même façon qu’une maison bâtie sur des fondations fragiles altère sa stabilité, de faibles connexions neuronales chez l’enfant compromettent son architecture cérébrale à l’âge adulte.



On pourrait alors supposer que l’exposition aux écrans pourrait réduire le nombre de connexions neuronales chez l’enfant, ce qui pourrait aboutir à de nombreux désordres cognitifs. Vérifions cette hypothèse avec les données actuelles provenant des études scientifiques parues sur le sujet.


L’avis de la science


A) Impact de l’exposition aux écrans sur le langage

Des chercheurs ont cherché à évaluer l’impact délétère des écrans et en particulier de la télévision sur le développement du langage. 1008 parents d’enfants âgés de 2 à 24 mois ont été interrogés par téléphone. Les chercheurs ont évalué le temps d’exposition à la télé de leurs enfants et ont ensuite fait remplir aux parents un formulaire permettant d’évaluer le développement de la communication de leurs enfants.


Entre 8 et 16 mois, chaque heure quotidienne de télévision soi-disant adaptée aux très jeunes enfants se traduit par un appauvrissement de leur lexique de l’ordre de 10%. (1)

Une autre étude traitant du même sujet a montré que chez des sujets de 2 à 4 ans, deux heures quotidiennes de télévision commerciale aboutissent à multiplier par trois la probabilité d’observer des retards de développement du langage. Si l’enfant est exposé quotidiennement à la télé avant un an, même à faible dose, le risque est multiplié par 6. (2)


B) Impact de l’exposition aux écrans sur la réussite scolaire

Des chercheurs ont suivi environ 1000 personnes de l’enfance jusqu’à l’âge de 26 ans. Ils ont cherché à évaluer si le fait de regarder la télé durant leur enfance et leur adolescence a eu un impact négatif sur leurs résultats scolaires à long terme.

Cette étude a permis de conclure que chaque heure de télévision consommée quotidiennement à l’école primaire augmentait de 43% le risque de voir l’enfant sortir du système scolaire sans diplôme. (3)


C) Impact de l’exposition aux écrans sur l’attention

Une étude a mis en évidence qu’un enfant de moins de 3 ans consommant quotidiennement une heure de télévision de divertissement double ses chances de présenter un trouble de l’attention à l’école primaire. (4)

Pour une consommation identique, un enfant du primaire voit son risque de présenter un trouble de l’attention à l’adolescence croître de 50%. (5)


D) Recommandations et directives

L’American academy of pediatrics a publié des recommandations à destination des parents afin de prévenir les effets indésirables vus ci-dessus. Celle-ci suggère tout d’abord de retirer télévisions, connexions à internet et jeux vidéos des chambres des enfants. Il faudrait ensuite faire des choix de médias adaptés aux enfants et les regarder avec eux.

Enfin, l’American academy of pediatrics préconise d’éviter tous les médias à écran pour les bébés et nourrissons de moins de deux ans. (6)


Commentaires et conclusions


Le facteur le plus important dans le développement de l’enfant repose sur une relation positive parent-enfant, caractérisée par des interactions chaleureuses et affectueuses au cours desquelles les parents et les autres personnes qui s’occupent de l’enfant répondent avec sensibilité aux signaux de l’enfant, en leur proposant des activités adaptées à leur âge, qui les encouragent à la curiosité, l’exploration, l’expérimentation et l’apprentissage.


Ces expériences riches et multidimensionnelles se déroulent obligatoirement dans le monde réel à travers une exploration pratique et à travers les interactions sociales. L’expérience de l’enfant à travers les écrans n’offrent pas toutes les riches opportunités que le monde réel apporte de manière totalement transparente.


La réalité actuelle est que les jeunes enfants grandissent maintenant dans un monde de technologie. Non seulement les écrans sont attrayants, mais les enfants voient leurs parents, leurs éducateurs et leurs enseignants les utiliser. Ils sont donc naturellement attirés par eux et les adultes peuvent avoir facilement tendance à les laisser profiter de leurs appareils, au détriment de leur bon développement…


Références

(1). Zimmerman FJ, Christakis DA, Meltzoff AN. Associations between media viewing and language development in children under age 2 years. J Pediatr 2007;151:364–8.

(2). Chonchaiya W, Pruksananonda C. Television viewing associates with delayed language development. Acta Paediatr 2008;97:977–82.

(3). Hancox RJ, Milne BJ, Poulton R. Association of television viewing during childhood with poor educational achievement. Arch Pediatr Adolesc Med 2005;159:614–8.

(4). Zimmerman FJ, Christakis DA. Associations between content types of early media exposure and subsequent attentional problems. Pediatrics 2007;120:986–92.

(5). LandhuisCE,PoultonR,WelchD,etal.Doeschildhoodtelevisionviewing lead to attention problems in adolescence? Results from a prospective longitudinal study. Pediatrics 2007;120:532–7.

(6). American academy of pediatrics. Policy statement ̆media violence. Pediatrics 2009;124:1495–503.

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